PUNCHLINE
La nuit tombe.
Une maison vide, au bord d’un lac.
José entend une voix dans le salon.
Il se retrouve face à sa mère.
Illusion ou réalité ?
Que diriez-vous à votre mère si vous disposiez encore de quelques heures ?
Pourquoi Suzie est-elle revenue ?
PITCH
José est infirmier à l’hôpital.
Affecté par son récent divorce et par le décès de sa mère, Suzie, José revient dans la maison de son enfance pour préparer à sa mise en vente.
Débordante de joie, Suzie lui apparaît. C’est son anniversaire, aujourd’hui.
Atteinte de la maladie d’Alzheimer et animée d’une énergie de vivre hors du commun, Suzie s’invente sa « boum d’anniversaire » dans le salon.
José est son fils, mais elle l’a oublié.
Il leur reste quelques heures à partager avant l’aube et ils le savent.
Ils vont passer une nuit inoubliable.
Une nuit qui va transformer la vie de José.
RÉSUMÉ
Samedi soir, 23 heures.
José, infirmier à l’hôpital le jour, range quelques affaires dans la maison familiale. Alerté par des bruits, il découvre sa mère, morte il y a 3 mois. Suzie fête son anniversaire avec des amis.
Elle est atteinte de la maladie d’#Alzheimer.
D’abord sidéré, il tente doucement de la raisonner. C’est sa dernière chance pour obtenir enfin des réponses aux questions qu’il n’a jamais posées. Il lui confie sa culpabilité, les raisons de son éloignement pendant 2 ans, son sentiment de rejet et sa souffrance face à la disparition brutale de son frère, Victor.
Suzie esquive, oublie, joue, évoquant tantôt sa solitude ou le deuil impossible de son fils aîné. Elle vient lui transmettre son amour de vivre. Le lien se reforme dans ce temps suspendu entre souvenirs, courses-poursuites et révélations.
NOTE D’INTENTION DE L’AUTEUR
J’aimerais que ces deux personnages apaisent leurs angoisses et leurs sentiments de solitude en s’aidant mutuellement. Cette pièce est une manière pour moi de clore un chapitre sur la parentalité (après mon précédent spectacle « Papa, ou pas ? ») et de dresser un bilan sur le cadre familial qui nous façonne.
Dans ce huis clos, deux histoires individuelles se côtoient : Les non-dits, le manque de communication et la douleur séparent ces deux êtres et les enferment.
Comment rencontrer cet Autre, si familier et si lointain ?
J’ai imaginé une situation exceptionnelle pour permettre à ces deux personnages de se libérer à travers le verbe, le jeu et l’imagination.
J’ai souhaité également parler de la difficulté de tenir des rôles ou d’assumer des statuts imposés par la société. Qui sommes-nous dans nos différentes identités ? Parents, enfants, adultes, jeunes, vieux. Que sommes-nous ? Des gagnants, des perdants et comment vivre librement avec le sentiment d’être jugé ou évalué, sous la pression sociale qui entrave nos besoins essentiels comme : l’envie de s’évader, de ressentir, d’explorer et de traverser la vie avec un regard d’enfant.
Que se passerait-il si nous arrêtions d’imposer nos désirs pour nous rendre juste disponible à la relation ?
Cette histoire me sert de prétexte pour aborder des thèmes qui me sont chers :
- Celui du poids de la culpabilité face à des décisions de placements de nos aînés en situation de dépendance.
- Le renversement des rôles parent / enfant qui bouleverse l’équilibre familiale dans la maladie.
- Le sentiment d’impuissance et la difficulté d’être soi.
- La fin de vie et notre rapport à la mort.
- Les dimensions complexes de la parentalité.
- Le soutien et l’accompagnement des personnes en fin de vie.
- Le sens que l’on donne à sa vie.
- Et à travers la maladie d’Alzheimer, le rôle de la mémoire dans la construction et la définition de notre identité.
Tous ces thèmes ont une dimension à portée universelle et appartiennent à notre héritage commun.
À travers cette histoire, ce sont deux voix humaines qui vibrent et que le vent disperse. Je souhaiterais faire résonner leur chant d’amour et vous le partager.
EN QUELQUES MOTS
Depuis quelques années, j’ai commencé à écrire ce que je joue. Rien n’arrive par hasard. Au fond de moi, j’ai toujours eu cette envie d’écrire et d’interpréter.
Je me suis toujours demandé pourquoi un texte classique servirait mieux notre conception du présent plutôt qu’un texte contemporain ?
Il aura fallu un événement violent pour que je passe à l’acte. Un jour, j’ai échappé à une tentative de meurtre (en me retrouvant au mauvais endroit, au mauvais moment). J’ai passé trois mois « groggy » sur un canapé avant de m’en relever et de décider qu’il était temps de reprendre ma vie en main.
Voir ma mort de près m’a peut-être renvoyé à mon passé.
Qui sommes-nous ?
J’ai compris que j’allais consacrer mes prochaines années au travail d’écriture. J’ai décidé d’explorer les relations familiales avec une trilogie d’histoires toutes adaptées pour la scène, avec des situations parfois extraordinaires dans lesquelles les personnages sont traversés par des émotions d’amour, de haine, par des rivalités, des non-dits ou des incompréhensions. Une manière peut-être de faire le bilan et de réfléchir à la parentalité en visitant les relations familiales.
J’ai écrit en 2017 « Papa ou pas ? ». Je raconte comment un homme sur le point d’être père se projette dans sa future paternité. À travers un seul en scène, ce sont vingt personnages qui dialoguent et que j’interprète.
En 2025, je termine « Tous les chiens sont roses », une histoire de famille dans laquelle un fils se débat avec son passé et sa culpabilité dans une dernière confrontation avec sa mère.
Et pour bientôt j’espère, le dernier volet s’interrogera sur le transgénérationnel et ses influences dans nos vies, en suivant les traces de Hugo, en glissant un zeste de vérité dans un océan de mensonges.
Cette dernière pièce signera la fin de cette trilogie sur la parentalité.
Cédric INGARD
« Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil. »
Henry de Montherlant.
Et si l’on pouvait avoir une deuxième chance. Que l’on soit celui qui reste avec un manque ou celui qui part avec un trop plein. Si l’on avait l’opportunité de dire, de partager ce que l’on a sur le cœur et peut-être d’obtenir les mots qu’on a toujours rêvé d’entendre. On pourrait enfin se délester de ce poids qui nous ralentit presque jusqu’à l’immobilisme.
On aurait enfin des réponses aux questions qui nous tiennent éveillé quand la maison est calme. Et surtout on profiterait de chaque milliseconde de la présence de cet être si cher, malgré la douleur, malgré la culpabilité. Quand le dialogue entre une mère et son fils est si compliqué qu’il n’y a de place que pour la douleur, parfois la maladie nous oblige à fournir l’effort que l’on n’était pas prêt à donner.
Tous les chiens sont roses nous offre cette opportunité. Celle de refaire le chemin et d’en changer la destination. Nous entrons dans ces limbes avec José, cet entre deux mondes où l’on peut tout se dire. José qui va enfin pouvoir communiquer avec sa mère, alors même qu’elle ne le reconnaît plus.
Cet entre deux mondes auquel on accède grâce à de longs draps blancs, comme de longs cordons ombilicaux. Un décor sobre mais très présent permet aux deux protagonistes de se rencontrer, de franchir les frontières de l’imagination et d’enfin se retrouver.
Le travail de lumière avec ces draps mouvants rend l’atmosphère presque magique, quelque part entre un champ de bataille et un champ de blé. La musique quant à elle apporte la touche finale nécessaire à cet univers décalé, triste et joyeux à la fois.
Tous ces éléments je l’espère permettront d’emporter le public dans un voyage réparateur, inattendu et riche en émotions.
Bruno BANON
DISTRIBUTION
Texte
Cédric INGARD
Mise en scène
Bruno BANON
Interprétation
Sylvie FIORA
Florence DEPLANQUE (en alternance)
Cédric INGARD
Costumes
Bénédicte POIRIER
Création lumière
Clément DUVAL
Production
Cie SURSALT
Tournée
Communauté de commune du Plateau Picard. Centre Jules Verne, Breteuil. Pôle culturel Ville de Villers-Cotterêts
Résidences
Espace culturel Musique et Danse, Le Blanc-Mesnil. La Cave à Théâtre, Colombes.
Les Roches,Montreuil
Ils nous rejoignent : Moreuil, CC du Vimeu, Blangy, Clermont de l’Oise, CC Ardennes Thiérache, Valenciennes, La maison Folie l’Hospice d'Havré de Tourcoing.
Création originale musique et chant Florence DEPLANQUE
Guitares Olivier CHAMPOD Accordéon Elena JOSSE
Saxophone et mixage son Léo TESSIER
Affiche Julie D’HERBÈS
Photos du spectacle Christèle BILLAULT
EXTRAITS
…
José
Maman !
Suzie
Oh ! Écoute, tu ne vois pas que je suis occupée ?
Elle fait mine de sortir
Mon anniversaire à mon âge... Ça sonne le glas, non ? Ça sent le sapin ! Ça sent le trou, quoi ! Ma mère est morte à 85 ans mais ma mère m’a toujours dit que j’étais plus forte qu’elle ! Qu’elle m’avait élevée pour que je vive plus longtemps qu’elle ! Super Suzie ! Beaucoup plus longtemps ! Méga Boom boom Suzie, comme disent les jeunes !
Suzie danse.
Oh, ce que je m’amuse ! Je m’amuse mais je n’ai plus 20 ans... Ouf, quelle fatigue ! C’est bête la fatigue maintenant que je n’ai plus besoin de travailler, de gagner ma vie, de me lever, maintenant que je peux juste jouer, m’amuser...
José
Je suis complètement fou !
Suzie
C’est bizarrement fait la vie. J’ai envie de jouer mais je suis toute seule. Les autres sont morts. Mais vous êtes là, vous ! On n’a qu’à jouer tous ensemble ?!
José
Maman !
Suzie
Mais je ne suis pas sourde ! Je ne t’ai pas élevé de cette manière, tu laisses les adultes parler, je te réponds après !
A ses amis
A quoi ça sert d’avoir le temps sans l’énergie ? Le temps sans amis qui rient et dansent autour de vous ? C’est terrible cette inquiétude quand on est jeune... En un sens, le mouvement du temps broie le besoin comme la mer transforme la roche en sable, la lumière la matière, la respiration l’angoisse... L’espérance, c’est comme un os à ronger, ça use les dents…
José
Ça use les dents !
Soudain en sur-énergie
En parlant de s’amuser, amusons-nous ! On veut jouer ! On veut jouer ! On veut jouer ! Allez tous avec moi ! On veut jouer ! On pourrait jouer à « 1,2,3 soleil » ! Alors, je me mets là et 1, 2, 3... Ah, bah alors, personne n’a bougé ? « 1,2,3 soleil »... Non, non, non, on n’a pas les mêmes règles là, vous me prenez pour un lapin du jour ? C’est interdit de se disputer le jour de mon anniversaire !
José
Maman, s’il te plaît, arrête !
Suzie se fige.
Suzie
Mais vous êtes qui, vous ?
José
Suzie, c’est moi !
Suzie
Mais… Moi qui ? Vous êtes qui ?
José
José. Je suis José…
Suzie, sèche
José… Ah oui, le nouvel infirmier !
José
Infirmier ? C’est vrai que je suis ton infirmier… Le jour je suis infirmier à l’hôpital et la nuit, je suis ton infirmier.
Suzie, en chantonnant
J’ai mon infirmière de jour et vous, vous êtes mon infirmier la nuit ! Vous êtes arrivé la semaine dernière… On n’a pas eu l’occasion de parler beaucoup tous les deux… Vous avez l’âge d’être mon fils vous savez ?
José
Oui, je sais, je le connais.
Lecture à la Huchette du 1 février 2025
Scénographie Romane Garnier
Presse
Résidences :
Les Roches, Montreuil, du 6 au 14 janvier 2025
Lecture au théâtre de la Huchette le 1 février 2025
Cave à théâtre, Colombes, du 22 février au 9 mars 2025
Espace Culturel Musique & Danse, Le Blanc-Mesnil, du 18 au 21 mars 2025
Sortie de résidence : 2 représentations à la Cave à Théâtre, Colombes, le 8 et 9 mars 2025.
Communauté de Communes du Plateau Picard : 2 représentations à Airion 6 rue du Dessus de l’Etang à à 14h30 et 19h30.
Communauté de Communes du Pays des Sources : 1 représentation à Ressons-sur-Matz le samedi 14 juin 2025 à 18h30.
A venir :
Essaion Théâtre, les vendredis et samedis du 4 juillet au 1 novembre 2025 (relâche du 1 au 28 août et le 10 octobre 2025) à 20h50.
Communauté de Communes du Pays des Sources : représentation à Lassigny le vendredi 10 octobre 2025.